Si vis pacem...
Les concerts se passent toujours de la même manière en ce moment : je passe les vingt premières minutes à observer les gens d'un air méprisant, bras croisés, bon, cette fois j'y vais pas, d'abord y a que des djeunz, de la gadoue au sol, sont à un mètre l'un de l'autre, savent pas ce que c'est qu'un pogo bande de ploucs tout se perd, j'y vais pas. Mais je me rapproche peu à peu, sensiblement, jusqu'à ce que : et merde. Je plonge. C'est exactement l'impression que donne le geste, se laisser submerger par cette masse mouvante de bras de jambes et de torses qui s'agitent, avec résignation. Non. Il s'agit d'un défi sans cesse renouvelé, me prouver que je peux être, que je suis toujours à la hauteur. Tous ces représentants de la gente masculine qui me regardaient d'un air inquiet-protecteur et parfois même me conseillaient d'aller plus loin, c'est pas pour les fillettes ces trucs-là, eh, oh, allez jouer les Saint-Bernard ailleurs, merci. Quand je suis tombée, l'un d'eux m'a même hurlé dans les oreilles RELEVE-TOI RELEVE-TOI, et qu'est-ce que tu crois que j'essaie de faire, connard, cueillir des pâquerettes ? Reprendre son équilibre, se retailler sa place à coups de latte, se péter la voix à hurler les paroles ou hurler tout court. Cette fois-ci, j'ai frappé aussi fort que possible.
C'est vraisemblablement pour cette raison que ma main était d'un beau violet, dimanche, sur toute sa surface. Je m'amuse depuis lors à observer l'évolution de mes bleus, leurs différents coloris. J'ai encore plus mal aux dents qu'avant, ayant entendu un sinistre craquement après m'être pris un coude dans le menton. Sans parler du coquard et de la lèvre éclatée d'Angel.
Ce que je préfère, avec Parabellum, c'est qu'ils reprennent Dans l'port d'Amsterdam et Wonderfull world. Non parce que pogoter sur Brel et Armstrong, c'est quand même la classe...