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La vie est ailleurs
20 décembre 2006

Croisades

Je poursuis un but précis, net et sans ambages, bien que conscient seulement en partie - quand, comme maintenant, je prend le temps d'y réfléchir et non dans les moments où je me donne vraiment la peine de le mener. La peine n'est peut-être pas le terme approprié pour désigner mon ouvrage, mais cela requière de la concentration vous savez pour demeurer fidèle à ce processus de foirage appliqué jour après jour. L'instabilité est sans nul doute mon problème premier, et pourtant les moyens que je déploie pour tout bousiller, balayer du revers du bras ce qui tient sur la table et y revenir ensuite au cas où quelque chose par miracle aurait survécu au massacre, m'impressionne moi-même. Le plus amusant, c'est que plus tout va bien, plus les choses se déroulent exactement comme je l'aurais souhaité, plus mon parcours ressemble à un rêve éveillé, plus je m'acharne. Une certaine constance dans le N'Importe Quoi - j'adore cette formule. Raven ou l'Art de Planter sa Vie.

Un exemple ?

L'exposé que je dois effectuer sur "l'ironie, la parodie et l'intertextualité dans Madame Bovary" se passe le mercredi matin à la première heure. Bien entendu, je m'arrange pour boire comme un trou mardi soir, avec Le Prophète comme souvent ces derniers temps, nous bavardons sur le sens de la vie jusqu'à trois heures et quelques et pour parfaire le tout, renversons la vodkacoca sur mes feuilles - et sur le pc par la même occasion, ce qui vous explique aisément mon absence virtuelle. Je me pointe néanmoins à la fac à l'heure dite malgré mon air de sortir tout droit d'une cellule de dégrisement. Me heurte au Prophète. "Heu, qu'est-ce que tu fais là ?" "Ben tu m'avais invité à voir ton..." "Mais mais mais tu es VRAIMENT venu ???" Alors que le pauvre enfant aurait pu dormir tout son soûl - c'est le cas de le dire - je l'aime bien, lui. Bref, nous sommes à peine installés dans la salle que le prof me fait signe et j'avance vers le tableau comme vers un échaffaud. Vraiment très douée Raven - j'ai dû être un peu trop sincèrement intéressée par ce sujet, le travailler un peu trop longtemps pour ne pas prendre peur et par conséquent construire moi-même ma chute, allez savoir. Sauf que, dès que je prend la parole et commence à me moquer d'Emma, de Charles, de M.Homais, j'oublie la barre dans mon crâne, j'oublie ma peur de gerber sur l'exposé déjà trempé d'alcool, j'oublie à peu près tout sauf le monstrueux Dieu Foule, quarante regards qui me dévisagent et que je dois intéresser, et parfois quand je lève la tête pour les regarder à mon tour et les voit rire à une réplique que j'ai cité j'ai cette étrange et grisante impression de les tenir tous au creux de ma main, quelque chose d'impossible à expliquer - un pouvoir à détenir, si mince qu'il soit, que je voudrais prolonger indéfiniment. Il y a peu de moments où je me sens plus vivante que ceux-là.

Oh, l'exposé ? 18/20 "T-T-B : Pertinent, intelligent, brillant - et amusant... que dire de plus ?"

Comme quoi même une application maximale ne donne pas toujours le résultat que l'on croyait rechercher. J'en arrive à me demander si ce qui m'effraie le plus est de rater ma vie, ou de la réussir...

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Commentaires
R
Totalement d'accord avec vous tous. Mais j'imagine que réussir sa vie, c'est surtout atteindre un certain bonheur. Pour moi en tout cas.<br /> Et Miho, peut-être, tu devrais ^^ Moi oui, c'est sûr !
P
Bah,la notion de "réussir sa vie", de toute manière,c'est relatif.
D
Oui complétement d'accord avec toi, réussir sa vie je trouve ça flippant. D'ailleurs on réussit quoi en fait ?
M
Faut que je boive pour avoir de bonnes notes ? <br /> Merde alors, j'ai rien compris à la vie à la fac moi.<br /> Et puis quoi merde un 18 à la fac... waou. I'm bluffado (non j'fais pas d'études d'espagnol ou d'anglais... ça se sent, non ?).<br /> (le waou = félicitations)<br /> <br /> bisous,<br /> Miho
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