Et ça repart... si ça avait jamais cessé
Le concert d'hier, qui se déroulait en plein pays des Consanguins - ou, pour employer cette fadasse appelation officielle que lui donne certains, la Vendée - et rassemblait un ou deux gentils milliers de personnes, paraissait un peu miséreux, après Dour. Cela n'aurait pas été bien grave si l'ambiance n'avait pas été aussi violente. Violente ? Oui, violente, ne riez pas - pour que j'emploie cet adjectif il faut que j'ai des raisons. Griffures, bleus, contusions diverses. Je ne crois pas m'être jamais retrouvée au milieu d'un pareil tourbillon de cris de sueur de coups de gens à qui l'on n'a jamais expliqué que les pogos ce n'est jamais que pour RIRE, bon sang, je sais pertinement que ces déflagrations sauvages que j'aime tant ne sont que de bonnes plaisanteries tout comme mes Fight Club improvisés, mais ces putains de Consanguins se croyaient visiblement en mêlée de rugby. Chaussure dans la gueule, je vérifie mon nez, mes dents, mes piercings, tout en me débattant pour respirer, impossible de bouger correctement ici, quelque chose me dépasse. Ils ne donnent pas de gentils coups d'épaules en se trémoussant, ils frappent pour de vrai, de toutes leurs forces, jamais autant encaissé, certains s'amusent même à se jeter sur le dos des gens pour les faire tomber, c'est ce qui m'est arrivée, en un éclair j'ai basculé en avant et personne ne m'avait vue ou personne n'a voulu prendre la peine de me ramasser, des dizaines de pieds qui me marchaient dessus, j'étouffais, recrachant du gravier, peut-être que pour la première fois j'ai vraiment eu peur, et j'ai hurlé, hurlé, avec en tête une image semblable de moi par terre avec impossibilité de se relever, chez les flics et non les Consanguins mais cette même honte, colère et frustration de la faiblesse confirmée, peut-être même que j'ai pleuré mais une voix s'est quand même faite entendre "hé, hé, mais faites quelque chose enfin !" Des bras m'ont saisie par le tee-shirt et remise d'aplomb, "ça va ? ça va ?" une certaine inquiétude reconnaissons-le, regards pour le moins décontenancés quand j'ai replongé dans le chaos, parce que j'ai beau me plaindre j'aurais pu m'échapper et je ne l'ai pas fait, étant d'une bêtise rare par nature. Ca allait tout de même mieux lorsqu'on s'est retrouvées sur la scène et le chanteur toujours le même hein fallait bien les Wampas pour qu'on s'aventure dans ce pays à la con m'a enlacée par la taille, je vais finir par bien l'aimer celui-là.
Et pourtant, depuis l'abandon des lieux pour le retour en voiture jusqu'à franchir ma porte et gagner mon lit, je n'ai eu aucune chanson du groupe dans la tête, mais à la place cette phrase douce et triste à la fois : It's a very very mad world...