Cette fois, c'est la guerre...
A la fac tout du moins. Et puis en dehors. Hurlements, affrontements, l'amphi bondé résonne de clameurs furieuses, le président conserve ce ton d'une exaspérante tranquilité, je crie de toutes mes forces, juchée sur deux tables entassées à l'arrache, puis tout le monde sort, se précipite devant le bâtiment les uns pour passer les autres pour bloquer, on pousse, des slogans s'entrechoquent, la télé grapille frénétiquement des images, il paraît qu'on est passées au Journal de treize heures, après ces expéditions nocturnes qu'on termine encerclés par la BAC entre des grillages, ces barrières à escalader ces CRS qui chargent en tapant sur leurs boucliers, l'affrontement ultime, celui avec les autres étudiants, les profs ne sont plus ceux qui dispensent les cours mais des rivaux ou des alliés comme les autres, j'ai croisé la Fille Rousse qui riait de toutes ses dents accrochée à l'épaule du Combattant et me suis dit d'accord, encore une personne en moins et une déception en plus, comme quoi peut-on vraiment savoir ce que sont les gens, en tout cas je crois savoir ce que je voulais moi et que j'ai obtenu, être en guerre contre tout, tout le monde, tout le temps, enfin cette construction progressive est arrivée à son terme.
Et je me pose la question, est-ce que j'y parviendrai, est-ce que je tiendrai longtemps. Seule contre Tous.