Raven ra/êveuse
"Oh, toi, de toute façon, il suffit que tu entendes que quelque chose est interdit pour que tu y files aussi sec !"
Et pour corroborer à cette remarque pas si injuste sans doute de ma mère, ce week-end, Teknival. Un monde dont nous n'avons Angel et moi pas vraiment l'habitude. La foule grouillante rassemblée là pour la musique et pour l'ambiance, d'accord. Les chiens se faufilant par centaines dans tous les coins, aussi. La profusion de représentants de la loi, à la rigueur. Mais ces points musique sans musiciens, ces participants un peu plus piercés et vêtus de verts, moins de joints fumés au détriment d'autre chose, "tu veux des prods/vous cherchez des prods/vous savez où on trouve des prods ?" ce terme qui semble ici légion. Et puis la poussière, omniprésente, étouffante, irritant nos gorges et faisant finalement pleurer mes yeux autant qu'avec de la lacrymo.
Cela n'est pas grave. Certaines choses étaient de celles que l'on connaissait déjà et retrouvait avec plaisir, le contact facile, les rencontres imprévues, les échanges avec des inconnus, une fille à l'accent du Sud s'assoit au même coin d'ombre que nous, me prend la main, "tu as des ongles superbes, ils sont vrais ?" je ris de cette drôle de question. Le reste... la musique, je ne l'écouterais pas chez moi mais j'ai réussi à me laisser porter par la vague devant un de ces murs d'enceintes où dansaient des corps désarticulés par la défonce l'éclate et ces stromboscopes qui accentuent l'impression de ralenti presque irréel de la danse. La tek - tellement, tellement différent du punk. Là où ce dernier est social, ne tient que par et avec les autres, le trip tek est individuel, chaque personne enfermé dans les gesticulations du sien propre. Des scènes évoquant vaguement la possession, mouvements hallucinés comme autant de prosternation devant les sources de vibration. Des adeptes adorant un Dieu étrange, impalpable, et pourtant omniprésent dans les rythmes fastidieux et les écrans aux couleurs fluorescentes. Je n'ai pas de mal à comprendre pourquoi les psychotropes se consomment comme des Petits-Beurres dans cet univers. Psychédélique même sans cela.
Lorsque nous avons gagné la voiture pour tenter de dormir quelques heures avant le retour, le jour se levait.