Baise les gens
Je suis malade. J'ai trouvé le moyen d'attraper une extinction de voix carabinée en plein été, un exploit pour le moins ridicule. Me voilà condamnée aux borborygmes à faible puissance, croassements qui me font mériter mon appelation, en agitant les mains comme une poule trop grasse pour s'envoler, si je veux me faire comprendre. Rien ne m'affecte davantage que la perte de la capacité à la parole. Impuissance, frustration, peur absurde que cela dure éternellement, et en plus cela fait mal.
Je m'ennuie.
J'écoute en boucle le Klub des Loosers, depuis notre retour : c'est triste mais je sais que cette fois la pilule ne passera pas réveiller le stupide après quoi passe à l'appart toi et moi on prendra un verre j'aime faire l'amour en étant ivre une manière très profonde d'affirmer ma croyance en la misanthropie tu vois de l'amour à la haine il n'y a qu'un pas non je ne suis pas quelqu'un de très sympathique toutes les rues d'ici semblent avoir une maladie tu peux toujours chercher un sens leur esprit tous convertis ils prient me donnent envie de me trancher la jugulaire en criant BUVEZ MON SANG IL EST CONTAMINE. Je me souviens de l'Italien sursautant légèrement lorsqu'on psalmodiait cette dernière phrase et nous demandant en souriant si, vraiment, on était sûres d'avoir plus de vingt ans.
Nous sommes allées voir un concert de classique à Venise le dernier soir - les Quatre Saisons interprétées par un orchestre à cordes. Le Printemps était gai et enlevé, mais l'Eté déchirant.