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La vie est ailleurs
1 mars 2006

J'aime la fac, surtout quand c'est la grève.

Et on y revient...

Lever à six heures du matin ce qui n'arrive jamais en temps normal, mais justement ce n'est pas le temps normal, le cercle est momentanément brisé, la routine a éclaté avec les centaines de mains qui se levaient pour voter le blocus mardi midi, et putain ce que j'aime ça, putain comme je m'y replonge avec délice, pourquoi ? L'échappatoire, l'impression que la vraie vie s'éloigne un peu, un instant ? L'arrêt provisoire de l'absolue passivité devant des paroles débitées à cent à l'heure qu'on note frénétiquement courbée sur sa feuille mâchant son stylo ? L'épuisement musculaire dû au déplacement des tables et des chaises des salles dans les amphis ?

A moins que ce ne soit ce quelque chose qui flotte dans l’air, à travers les locaux de la fac, commencé au moment où les cours se sont arrêtés, dans l’escalier où discutent des bandes d’étudiants, les halls surchargés de tables et de chaises, et surtout, surtout, au cours des AG, cette drôle de sensation extérieure et intérieure à la fois, par-dessus les têtes, au fond du ventre, dans les poings qui se serrent, les mains qui se lèvent pour faire ainsi-font-font, le discours de certains d’entre eux, le silence de certains autres, et mon rire ravi, spontané, incontrôlable, lorsque ce que j’espérais de toutes mes forces, putain que ça soit ça, en me bouffant les doigts consciencieusement, arrive. Oui, cela doit être ça.

En arrivant je suis tombée directement sur la Fille Rousse, restée un peu avec elle, puis place au Combattant ça faisait longtemps, qui m’a expliqué en long en large et en détails à quel point de toute façon ce mouvement c’était n’importe quoi, les AG c’est du grand-guignolesque et de toute manière tout ceci est truqué, il a perdu son innocence sur ces choses-là, je peux le croire, pendant que je l’écoute distraitement, tant mieux pour toi, si tu l’as perdu cette innocence, mais ce n’est pas une raison pour tenter de m’enlever la mienne à moi. Non Mais. Mais déjà il est l’heure, je croise un prof à qui j’apprends à quel point, navrée, vraiment, je trouve ça mortel Le Rouge et le Noir, je vais manger au RU avec le Poète, rejoint l’AG. En repassant devant mon secrétariat, je croise les résultats de partiels enfin affichés, et ils m’informent que je l’ai ce fameux semestre. Une telle immensité, envie et place pour l'infini dans la poitrine, joie, au sens le plus fort du terme, que j'ai peur de ne pouvoir supporter.

Dehors, il s’est mis à neiger. 

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Commentaires
M
oubli : bravo pour ton semestre, c'est génial ! félicitations !
M
C'est la greve aussi par chez moi... et ça me laisse royalement indifférente même si les différents sites où j'ai cours sont bloqués. J'essaye juste d'éviter les manifestants parce que je n'ai pas confiance dans leur passivité... même s'ils ont été malheureusement virés par les flics vendredi... <br /> cela peut sembler crétin ma position de justement ne pas avoir de position vis à vis de ce cpe... et de juste souhaiter me faufiler pour aller en cours, parce que franchement je sors à peine de vacances, je retourne pour 3 jours en cours... et là j'ai une semaine de vacances à me tourner les pouces, à déprimer et à ne rien faire... ça me démoralise totalement, et comme en plus il pleut, il neige et qu'il n'y a rien à voir au ciné... je trouve ça pas drôle, pas drôle, pas drôle...<br /> mais bon, c'est de ma faute peut-être je n'ai pas de conscience "politique", je suis dans le genre pire égoïste...
P
Bref,la révolution,c'est pas pour demain on dirait.
R
Oui, je connais... ce moment où t'es là, avec ton adrénaline cultivée jour après jour au fond du ventre, "putain j'en fais quoi moi maintenant ?" alors qu'il faut retourner dans une salle de classe. Horrible
D
Oui en fait la grêve c'est sympa à la fac car c'est la seule fois ou il se passe VRAIMENT quelque chose.<br /> Ca brise la routine, c'est juste excitant, d'ailleurs le plus difficile c'est de finir la grêve, c'est grisant.
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