Parfois j'aime les lundis
S’il y a une chose à laquelle je crois dur comme fer, c’est cette étrange loi universelle qui veut que lorsque l’on est vraiment sûr de ne pouvoir aller plus mal, fond du gouffre et déprime noir d’encre pesant sur les paupières, il arrive toujours un moment, un événement précis, une rencontre, un détail tout simple, qui change la donne et nous fait comprendre à quel point on était ridicule à pleurnicher ainsi.
Cette semaine d’examens m’avait presque menée à bout, hier dimanche je ruminais de grands monologues sur la solitude en errant dans mes quelques mètres carrés comme une âme en peine. Pour couronner le tout, aujourd'hui, pire épreuve de tous les partiels, LATIN - mais contre toute attente, j'ai passé une très belle journée. Ce matin, quand je me suis assise dans le tram, mon voisin d’en face a levé la tête en souriant, c’était mon prof favori, une sorte d'idolâtre, l’auteur même de la formule « Moi, Racine, je m’en fous » et du coup, nous avons discuté pendant tout le trajet. Il m’a demandé des nouvelles de son épreuve, passée vendredi. « Facile, hein ? » « Euh, non, pas du tout. » Il rit et me dit que je ne devrais pas avoir de problèmes, « vous êtes une vraie lectrice, vous » On descend au même arrêt et se quitte à l’entrée de la fac, et même si je raconte absolument n’importe quoi dans ma version, ce matin m'a mise de bonne humeur. Ensuite la Revenante me tient compagnie dans l’Escalier, et nous allons manger tous ensemble, elle moi le Poète et son ami, au RU.
Et j’ai finalement passé toute la journée avec ces deux derniers en ville, à faire du shopping, puis seulement avec le Poète. Il faisait un peu trop chaud. Un crado un peu barge, il attire ce genre d'individus, est venu lui bafouiller dans l’oreille, « c’est ta femme ? » en me désignant. Le Poète rit et répond « en quelque sorte ». Ensuite, c’est mon tour de rire parce que nous allons dans tous les magasins de pouffes possibles et existants , et que les gens doivent penser que c’est mon compagnon qui m’accompagne me choisir des fringues, alors que c’est moi qui l’assiste pour en trouver à lui. Bref, je ne sais pas si je suis bien claire. Pour finir, on passe devant le cinéma, un film projeté dans la soirée que l’on veut voir, j’appelle Angel, tout naturellement, et nous convenons d’une heure de rendez-vous devant. J’essaie de motiver le Poète pour venir aussi. « Si ma conquête actuelle ne peut pas, hors de question, j’ai trop peur de m’endormir » « Eh bien pourquoi ne te tiendrait-on pas éveillé, nous ? » « Parce que vous ne me touchez pas les cuisses, vous » Des rires sous le soleil.